Les Marais
État / Complété (2012)
Lieu / Wentworth-Nord, Québec, Canada
Programme / Résidence Intergénérationnelle
Chargés de projet / Jean-François Marceau & Cuongy Antonio Tran
Le projet « Les Marais » émane d’une fascination pour le paysage de certaines régions rurales nord-américaines, souvent composées de grandes étendues plates émaillées d’ensembles de bâtiments. Outre un intérêt stylistique pour ces granges abandonnées, qui ont souvent perdu leur aspect programmatique originel pour devenir des silhouettes « déformées » par l’absence d’usage, deux problématiques d’ordre perceptuel en découlent. La première concerne la relativisation de l’échelle. Difficile à cerner, le dimensionnement de ces bâtiments, parfois sans fenêtre et isolés dans un champ de culture, renvoie ainsi à une qualité identitaire de notre territoire. La seconde problématique survient lorsque ces bâtiments se combinent à d’autres. Leur agencement, souvent fortuit, crée alors des vides qui deviennent lieux de transition entre les bâtiments.
Aussi avons-nous dessiné pour ce projet un contour « iconique » d’une certaine proportion, pour ensuite le multiplier à diverses échelles et répondre à la vocation du programme, qui consiste en un ensemble intergénérationnel. Cette réduction de l’expression architecturale à un simple profil sert à révéler le vide s’orchestrant autour des « limites » de l’ensemble. La spécificité du lieu joue donc un rôle central en déterminant l’agencement dans l’espace des trois « icônes ». C’est ainsi qu’émerge de la composition un lieu « collectif » qui deviendra carrefour d’échanges entre les occupants de deux des bâtiments, le troisième servant de rangement extérieur.
L’implantation est conçue de manière à circonscrire deux des composantes paysagères qui caractérisent la nature marécageuse de cette propriété en bordure de lac. Deux marécages sont en effet préservés et forment le paysage collectif de l’ensemble construit, reléguant alors le lac à une structure publique. Une grande « plaque » relie les trois constructions pour établir un socle commun : sorte de tapis pour l’humain dans un environnement par ailleurs laissé à l’état brut.
De grandes coupes sont pratiquées dans chaque « forme » pour révéler la matérialité intérieure de ces bâtiments en cèdre rouge. Les espaces extérieurs ainsi créés offrent des lieux de transition entre le paysage et la limite construite. L’un d’eux, plutôt semi-extérieur, joue le rôle d’immense galerie grillagée protégeant des moustiques qui peuplent en été les marécages voisins. C’est le nouveau « centre » familial, volume auquel une double hauteur confère un aspect quasi solennel et contemplatif. La construction du troisième bâtiment (la remise) a été reportée par le maître d’ouvrage pour des raisons indépendantes de notre volonté, mais elle viendra enrichir la qualité conceptuelle du projet.
Crédit photo / Adrien Williams