Réédition du livre «Abolir les partis politiques»

L’essai de Jacques Lazure est maintenant disponible en version numérique, au prix désiré

COMMUNIQUÉ

Le mardi 16 septembre 2014 – Aujourd’hui est dévoilée la version numérique du livre Abolir les partis politiques, du sociologue Jacques Lazure. Disponible en téléchargement au prix volontaire sur www.abolirlespartispolitiques.ca, ce livre de 167 pages jette la lumière sur les grandes problématiques que vivent nos institutions démocratiques et propose des solutions qui sont en phase avec les tendances actuelles.

abolir-les-partis-politiquesUne oeuvre intemporelle

Bien que la version originale de ce livre date de 2006, les propos de l’essai sont toujours aussi pertinents aujourd’hui. Si la plupart des exemples répertoriés dans l’ouvrage soulignent les faits saillants de la Commission Gomery tenue dès 2004, on remarque que les mêmes problématiques sont plus que jamais d’actualité dix ans plus tard, notamment avec la Commission Charbonneau. L’ouvrage de Jacques Lazure nous offre une analyse juste et étoffée du monde politique. Les premiers chapitres déboulonnent méthodiquement un système dont la logique nuit au bien commun; dans les derniers instants du livre, un nouvel écosystème politique radicalement transformé est proposé.

Libre accès et paiement volontaire

Afin de permettre un maximum de rayonnement et d’accessibilité à l’ouvrage, l’auteur de 85 ans met aujourd’hui son oeuvre sous licence Creative Commons, offrant ainsi aux lecteurs la possibilité de la COPIER et la PARTAGER à souhait, à des fins non commerciales. Lazure reprend donc les stratégies et outils qui ont contribué à faire connaître Misteur Valaire. De fait, le livre est distribué grâce à Ghoster, la plateforme développée par ce groupe. Celle-ci permet la distribution de toutes formes de contenus numériques au prix volontaire et dans le format souhaité.

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Pour une entrevue avec Jacques Lazure :
abolirlespartispolitiques.ca/contact
450.653.9764

Abolir les partis politiques : faire écho à la pensée de Simone Weil

Jacques Lazure - Abolir les partis politiquesBien que la parution de mon livre Abolir les partis politiques date de huit ans déjà, il demeure toujours d’actualité. En témoignent les révélations de la Commission Charbonneau qui démontrent comment plusieurs firmes de génie-conseil et maintes compagnies d’entrepreneurs en construction ont été poussées à la corruption et à la collusion par la nécessité de financer largement les partis politiques.

Mais au-delà de cet état de fait conjoncturel, l’abolition des partis politiques s’impose en tout temps, de par leur nature elle-même. Les partis politiques, par leur propre structure, asservissent la liberté d’esprit et ne peuvent rechercher comme tel le bien commun de la société.

L’analyse développée dans mon essai Abolir les partis politiques rejoint ainsi la pensée d’une grande philosophe française, Simone Weil, qui prônait déjà, dès le début des années 1940, la disparition des partis politiques. Elle affirmait entre autres, dans Note sur la suppression générale des partis politiques, que « la première fin et, en dernière analyse, l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite. » Elle ajoutait aussi que « les partis politiques sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice. »

Simone Weil n’est pas une personne à la pensée quelconque. Albert Camus écrivait en 1951 que « Simone Weil est le plus grand esprit notre temps. » D’autres éminents penseurs français le proclamaient aussi. La France redécouvre présentement Simon Weil. Laure Adler a publié en 2008 un livre sur elle, intitulé L’insoumise, aux Éditions Actes Sud.

La pensée déployée dans Abolir les partis politiques se trouve de la sorte en bonne compagnie!

Lettre ouverte de Jacques Lazure

Jacques Lazure - Abolir les partis politiquesTous en conviennent : l’heure est à la réflexion sérieuse sur l’avenir du PQ et, par ricochet, sur le projet de souveraineté du Québec. Malgré la défaite cuisante du PQ, ce projet reste vivant chez nombre de souverainistes. Mais sa promotion doit être repensée, remise à neuf pour être vraiment efficace et aboutir un jour à l’atteinte de son objectif. Voilà pourquoi je propose ici une nouvelle approche dans la promotion de la souveraineté.

On déplore souvent la division des forces souverainistes qui s’éparpillent, parfois en s’entre-déchirant, entre divers partis politiques. Pour y remédier, on suggère des formes de convergence de ces partis souverainistes. L’intention est bonne, mais forcément irréalisable. Tant que la promotion de la souveraineté sera principalement confiée à des partis politiques, elle restera très faible, pour ne pas dire souvent lettre morte, et une convergence effective des énergies souverainistes ne pourra s’établir. Pourquoi? Parce qu’il est de la structure, de la nature même des partis politiques de s’opposer, de s’affronter, de se livrer une lutte entre eux. La dynamique propre des partis politiques les pousse vers la divergence. Plus ils sont forts, plus ils vont en ce sens. C’est quand ils sont faibles, se sentent instables et menacés qu’ils s’ouvrent un peu à la convergence et à la collaboration. On le voit bien dans les gouvernements minoritaires; c’est alors qu’ils sentent le besoin de converger quelque peu, d’ailleurs dans un but bien particulier, celui de rester au pouvoir ou d’y accéder un jour. Le phénomène de coalition des partis, durant la période électorale ou après, le démontre aussi clairement : c’est pour parvenir au pouvoir ou pour s’y maintenir qu’on la réalise.

L’objectif immédiat d’un parti politique est très différent de celui de la promotion de la souveraineté. Le premier cherche à obtenir le pouvoir pour un groupe particulier, tandis que la seconde vise l’indépendance politique de toute une société. C’est pourquoi leur dynamique, leur démarche pour atteindre leur but sont et doivent être tout à fait autres. Il faut alors absolument que la promotion de la souveraineté ait sa propre existence et dynamique, en dehors de l’orbite des partis politiques souverainistes.

Je propose donc que tous les partis souverainistes s’entendent pour mettre sur pied un mouvement politique (pas un parti!) qui existerait et agirait en dehors d’eux, de façon strictement autonome. La tâche unique de ce mouvement serait de débattre en public et sans arrêt le projet de souveraineté du Québec, de le faire dans tous les milieux — à la télévision, à la radio, dans les médias sociaux, les cégeps, les universités, les groupes communautaires, les assemblées syndicales, les communautés culturelles — de promouvoir ce projet par des interventions incessantes, des conférences, des colloques sur la base de rapports d’études, de mémoires blindés d’arguments sensés et approfondis exposant à la fois les faiblesses de notre statut de province, les iniquités que nous cause le gouvernement fédéral et les avantages que nous procurerait un statut de pleine indépendance et liberté.

Je sais qu’il existe déjà des mouvements indépendantistes en dehors des partis politiques souverainistes. L’idée serait que ceux-ci fassent union pour rencontrer ceux-là et voir avec eux s’il ne serait pas possible que tous les mouvements fusionnent en un seul, global. Et s’ils ne veulent pas, à tout le moins qu’ils établissent ensemble un programme méthodique et cohérent de promotion, de manière à éviter les heurts et à couvrir tous les champs d’activités.

On réalise maintenant que le projet de souveraineté dépérit dans plusieurs couches de la société, spécialement chez les jeunes. Pour le raffermir, il faut de la présence continuelle, de la communication, du dialogue, de la persuasion. Les fameuses « conditions gagnantes » dont parle le PQ, on dirait qu’il ne fait que les attendre, comme si elles devaient surgir par elles-mêmes, par magie et enchantement. De fait, jamais un parti politique, si souverainiste soit-il, ne pourra de lui-même et seul réaliser le travail d’éducation de la société nécessaire à la naissance de ces « conditions gagnantes ». Un travail d’éducation qui, pour les partis, n’entre pas dans leur visée et leur dynamique immédiates qui sont celles d’arriver au pouvoir. Seul un mouvement politique, créé et fonctionnant en dehors des partis souverainistes, peut entreprendre et réussir ce travail de longue haleine d’une éducation de la société québécoise susceptible de préparer un terreau favorable à un référendum positif sur sa souveraineté.

C’est donc une immense oeuvre de pédagogie intelligente et enthousiaste que je propose, à réaliser par un mouvement politique indépendant, et où la pure stratégie n’occupe plus le premier plan. Où au contraire prédomine le souci de la transformation d’une mentalité collective passant de l’ignorance et de l’aliénation à la maîtrise lucide de son destin.

Le temps presse, il faut agir vite!

Jacques Lazure, Ph. D. (Harvard)
Sociologue retraité de l’UQAM